Un article controversé du Monde sur une affaire d’enlèvement parental

Catherine Martin : « Mes fils ont vécu dans la peur du gendarme »
LE MONDE | 07.02.09 | 15h16 • Mis à jour le 08.02.09 | 10h44
Un article qui suscite beaucoup de réactions indignées, car jugé, par de nombreux lecteurs, partial et plutôt mal écrit par la journaliste Patricia Jolly. Les faits présentés semblent très incomplets et orientés, si l’on en juge par cette réaction de :
Renard agile
08.02.09 | 15h42
« J’ai lu l’article de Libé sur les mêmes faits. Celui du Monde oublie les faits les plus essentiels : la Justice avait attribué la garde au père! Une année, la mère ne les a pas rendus au père après une période chez elle. Puis le Juge a malgré cela changé d’avis et a attribué la garde à la mère. Le père ne l’a pas supporté, perdant toute confiance dans la société, c’est là qu’il les a soustraits. La journaliste est donc passée à côté de l’essentiel. »
——
Ces faits restent a vérifier.
Voici l’article en question :
Saint-Raphaël (Var) Envoyée spéciale (Patricia Jolly)
Catherine Martin : « Mes fils ont vécu dans la peur du gendarme »

Onze ans que Catherine Martin consacrait chaque minute de son temps libre et ses moindres deniers à la recherche de Shahi’yena et Okwari, ses fils de 7 et 6 ans ! Elle les a retrouvés il y a une semaine sous une identité d’emprunt : Théo et Manu. Ils avaient été enlevés en décembre 1997 par Xavier Fortin, son ex-compagnon, à la faveur d’un droit de visite pendant les vacances de Noël.Un voisin de leur village d’adoption, Massat (Ariège), où ils étaient installés comme éleveurs-cultivateurs avec leur père dans une grange reculée, a fait le rapprochement entre leurs visages d’adolescents et celui de photos figurant sur une affiche d’enfants disparus. Mais renouer après une si longue séparation ne s’improvise pas.

Si ces beaux et débrouillards jeunes hommes âgés de 18 et 17 ans appellent bien Mme Martin « maman » et se réjouissent de leurs retrouvailles, ils n’ont qu’une idée en tête : faire sortir de la maison d’arrêt de Draguignan leur père, qui sera jugé le 17 mars.

Pour parvenir à le sauver, les deux garçons qui s’ingéniaient à se fondre dans le paysage clament – comme une leçon trop bien apprise – que leur clandestinité était « assumée », « choisie ». « Nous avons bénéficié d’une éducation exemplaire et exceptionnelle, et on ne sera jamais assez reconnaissant envers notre père », ont-ils déclaré vendredi 6 février à La Dépêche du Midi, racontant l’enseignement dispensé à domicile par leur géniteur titulaire d’une maîtrise de sciences naturelles.

Mais quel autre choix a-t-on vraiment à l’âge tendre de 6 et 7 ans que de suivre un père, si marginal soit-il, lorsqu’il est aimant et profondément convaincu de vous soustraire « dans votre intérêt » à l’influence « néfaste » de votre mère ?

« Mes fils ont vécu dans la peur du gendarme, décrypte Catherine Martin pour expliquer leur ambivalence d’aujourd’hui. Fortin leur avait expliqué que si on l’arrêtait, ils seraient placés par la DDASS dans des foyers. » Repérés dans l’Hérault en août 1998, ils ont d’ailleurs fui dans les bois de toute la force de leurs petites jambes pour échapper à la maréchaussée.

Selon Mme Martin, ses enfants étaient « programmés depuis longtemps » sur la conduite à tenir en cas d’arrestation de leur père et ils s’y conforment instinctivement aujourd’hui. « Leur monde a été construit sur des mensonges, les excuse-t-elle. Pendant onze ans, ils ont été séquestrés… » Bien que ses fils n’aient jamais subi la moindre maltraitance ni vécu reclus, elle emploie le terme à dessein pour signifier l’enfermement mental imposé par leur père. « Il se présentait comme veuf, les enfants devaient donc prétendre que j’étais morte », raconte-t-elle.

Morte, Catherine Martin l’est devenue aux yeux de Fortin lorsqu’elle a décidé au milieu des années 1990 de rompre avec son existence nomade et alternative d’instituteur itinérant montrant des animaux dans les écoles en Normandie. Avec trois enfants – elle avait, d’une première union un fils, Nicolas, aujourd’hui âgé de 24 ans, que Fortin avait reconnu -, Catherine était lasse de vivre sans eau ni d’électricité. Dogmatique, Fortin s’est entêté. Pas question de laisser sa compagne travailler à l’extérieur, de scolariser les enfants ou de vivre dans une maison… Catherine s’est alors installée dans le Var auprès de ses parents avec les enfants dont elle avait la garde : une rupture vécue par Fortin comme une véritable trahison idéologique.

Quand il a enlevé Shahi’yena et Okwari en décembre 1997, il n’en était pas à son coup d’essai. En février 1997, Catherine Martin avait dû aller récupérer ses trois fils en Normandie avec le concours des gendarmes dans une communauté de gens du voyage. « A Noël, Nicolas n’y est pas allé, explique Catherine, il avait douze ans et Fortin ne pouvait plus le mettre dans sa poche aussi facilement que les petits. »

La cavale de onze années a été favorisée par la complicité du père de Xavier Fortin qui réglait ses impôts et effectuait des retraits d’argent sur un compte bancaire sur lequel il recevait l’allocation de solidarité spécifique. Une sexagénaire, présidente d’une association, qui fut une relation du couple Martin-Fortin a également servi d’intermédiaire à Fortin comme « boite aux lettres ». Poursuivie par Mme Martin, cette sympathisante de Fortin a écopé en 2005 de douze mois de prison avec sursis. Absent du tribunal, Fortin avait été condamné par défaut à deux ans d’emprisonnement dans la même procédure.

L’arrestation de leur père a-t-elle fait prendre conscience à Shahi’yena et Okwari que la société est régie par des lois ? « Eux seuls pourraient répondre », dit prudemment leur mère.
Patricia Jolly
Article paru dans l’édition du 08.02.09.

COMMENTAIRES DES ABONNES du Monde (au 9 février 09) : 53

Lecteur X
09.02.09 | 14h52
Quel est le but d’écrire un article sur ce fait divers, surtout avec comme seul témoignage celui de la mère ? Si les médias souhaitent transformer les lecteurs en jury populaire, il serait au minimum souhaitable de leur fournir tous les éléments exposés lors d’un procès… Là j’ai l’impression de lire le réquisitoire du procureur.

Joël P.
09.02.09 | 11h11
Je veux bien admettre (et encore, dans une certaine mesure) votre remarque pour un élève de CM2 ; quant à un journaliste du Monde, lu mondialement, reconnu comme LE journal de référence français, on peut peut-être, a minima, obtenir de lui qu’il sache utiliser un correcteur orthographique informatique (et pourquoi pas, même, soyons fous, un dictionnaire papier !)…

Dhuoda41
09.02.09 | 10h54
Il faudra du temps pour que ces garçons se rendent compte que leur mère n’a jamais reçu les lettres qu’ils lui avaient écrites (comme le rapporte La Depeche) car le père ne les a jamais envoyées, et que, tout en étant sans doute dévoué et gentil par ailleurs, il les manipulait. Si le cadre de cette affaire peut sembler exceptionnel, ce type de manipulation ne l’est pas.

nicole l.
09.02.09 | 09h05
Catherine, Je crois que qualifier ce père-là de père qui « a voulu prendre ses responsabilités parentales » est raide. Prendre « ses responsabilités » de cette façon est-il acceptable, quels que soient les reproches que certains font à la mère et sur je ne sais quelle base… ? Ses enfants, suite à son initiative « parentale », se trouvent en bien mauvaise position pour entamer une vie d’adulte.

Carine
09.02.09 | 08h38
« un père a voulu prendre ses responsabilités parentales » ce monsieur avait une drole de conception des responsabilités parentales, en refusant que ses enfants aillent a l’école et que son épouse travaille pour pouvoir leur offrir une vie décente. Sans compter qu’il souffre visiblement de problèmes psychiatriques.rppl
09.02.09 | 00h08
Merci Catherine pour ce post. Je l’ai mis sur mon blog « autopsie d’une famille ». Les juges et les experts m’ont sali de la pire façon pendant trente pages, de haine, de mensonges, de bêtises. Ils m’ont tout reproché à la fois, des choses incompatibles d’être d’une faiblesse totale et d’une force totale. J’appelle à un féminisme partagé. Bravo à ce père. Merci à vous

dominique d.
08.02.09 | 23h58
sauf en cas de violences, aucun des deux ne devrait empêcher l’autre de voir et de partager du temps avec ses enfants. Si les enfants de couples divorcés voient peu leurs pères en général, ce n’est pas toujours parce que la mère les en empêche; beaucoup ont du mal à maintenir les liens ou à inventer ce qu’ils ne faisaient pas avant. Les pères très investis avant séparation perdent rarement leurs relations et leurs droits.

Catherine
08.02.09 | 22h33
Dommage que Le Monde s’enflamme sur cette affaire ou, pour une fois, un père a voulu prendre ses responsabilités parentales que lui déniait l’autre parent en s’opposant aux quelques droits du parent secondarisé. Cette affaire n’est pas banale, c’est vrai. Cette affaire montre l’importance que revêt la résidence alternée si rarement appliquée par les juges aux affaires familiales, appuyés par des groupes dits « féministes » qui pour ces derniers ne font que prôner le retour de la femme au foyer.

rppl
08.02.09 | 22h00
Allez lire autopsie d’une famille sur ce site. Pour mettre deux des enfants chez la mère qui ne les avait jamais regardé, ils ont inventé que ma mère était dépressive, que je voulais faire le père et la mère et qu’il fallait restituer cette mère dans son rôle de mère. Les enfants ont hurlé qu’ils voulaient habiter chez le père. Le « juge » qui avait sollicité leur avis a déclaré que cet avis n’avait pas d’intérêt pour décider. ILs ont reproché au père d’être toujours malade… Rien ne les a rebuté

odile m.
08.02.09 | 21h46
oui, et c’est bien la moindre des choses, quand on pense que.

Réponse à Vincent C.
08.02.09 | 20h59
Vous demandez à quand la parité? Peut être quand les pères seront effectivement 50% à réclamer la garde de leurs enfants. Ce qui est loin d’être le cas…

Véronique A.
08.02.09 | 18h14
Au sujet de l’orthographe : c’est une triste réalité, rares sont ceux qui écrivent encore le français, y compris chez les journalistes. Les profs n’ont plus envie de se colleter avec cet apprentissage ardu. Pourtant quel plaisir de lire un texte bien fait et bien orthographié !

Véronique A.
08.02.09 | 18h10
Les réactions en faveur du père font peur : des idéologues sont capables de défendre une vie de parasite (avec l’ASS)et les difficultés que ce choix va faire peser sur ces enfants. A Laure B. : la société ne donne pas toujours raison à la mère même parfaitement équilibrée et socialement insérée : il suffit que le père larmoye et se pose en victime pour obtenir une garde alternée dangereuse pour l’enfant pour peu que le juge soit perméable à cette mode.

nicole l.
08.02.09 | 17h59
Priver des enfants de leur mère et leur faire dire qu’elle est morte est criminel. Après, les faits sont compliqués… ces garçons aiment leur père, qui était désemparé, comme leur mère, mais ce grand-père complice en diable, cette vie aux frais de la société avec des allocs… que de malheurs et de petites perversions que d’aucuns semblent trouver excusables, parce que le droit dictatorial des mères aurait engendré la dictature paternelle qui aura de graves conséquences. Ah… bon.

thc
08.02.09 | 17h34
Mais quel article honteux! Il ne fait que montrer ce père comme un monstre, ses enfants comme des idiots dont l’amour pour leur père ne serai que de l’endoctrinement! Un tel parti pris est indigne d’un journal qui se prétend de qualité! Et on s’étonne que les gratuits prennent du terrain…

christian s.
08.02.09 | 16h55
Enlever ses enfants à son père ou à sa mère est inhumain. Et pourtant on ne s’indigne pas assez des enfants tués sous les bombes en Yougoslavie, à Gaza, en Israël en Irak ou au Pakistan ou des enfants tués par la maladie (sida faute d ‘usage du préservatif-merci le vatican -)ou par la malnutrition ou l ‘absence du médicament ou du vaccin salvateur. On progresse , mais il faut mettre les bouchées doubles. chrismex

loup solitaire
08.02.09 | 16h14
Problème d’information : certains journaux (sérieux) ont écrit que c’est le père qui avait obtenu la garde des enfantsbdans un premier temps. Pourriez-vous confirmer ce « détail » qui expliquerait en partie cette fuite lorsqu’il aurait « du » récupérer ces enfants. La réalité est souvent moins simple et moins « moralisante » que ce que semble dire cet article et ses commentaires. n’est-il pas trop facile de juger sans avoir les éléments en main?

Dominique P.
08.02.09 | 16h11
Pourquoi un père doit il soustraire ses enfants, pe à tous contacts avec la mère quand ils ne sont plus d’accrod pour vivre ensemble? Même étant marginal, il y a quelque chose qui s’appelle la garde conjointe et l’intérêt des enfants est là. On oublie trop souvent que les enfants ont le droit de connaître leurs deux parents, en tout premier lieu. Là, se développe une névrose que le père aurait pu éviter. Et qui va la subire? Ces deux garcons. Malgré un père aimant et une mère admirablement calme

SERGE M.
08.02.09 | 15h54
Parce que ça va aider les deux enfants à retablir les liens avec leur mère, ce genre d’article et d’interview racoleuse ? Quand les journalistes arriveront-ils à ne plus mélanger voyeurisme et information ? Quelle est leur déontologie ? Vivement que les Etats Généraux pondent au moins une chose utile !!!

Vincent c.
08.02.09 | 15h48
Scandale un père qui veut garder ses enfants alors que la « justice » donne par principe la garde à la mère. L’homme a fait la seule possible pour avoir ses enfants, chapeau!! Quand on parle de parité, à quand la parité que la garde des enfants soient donnée à 50% au pères??????

Renard agile
08.02.09 | 15h42
J’ai lu l’article de Libé sur les mêmes faits. Celui du Monde oublie les faits les plus essentiels : la Justice avait attribué la garde au père! Une année, la mère ne les a pas rendus au père après une période chez elle. Puis le Juge a malgré cela changé d’avis et a attribué la garde à la mère. Le père ne l’a pas supporté, perdant toute confiance dans la société, c’est là qu’il les a soustraits. La journaliste est donc passée à côté de l’essentiel.

Christophe G.
08.02.09 | 15h33
Un journalisme objectif aurait présenté la version du père…

Véronique V.
08.02.09 | 14h45
J’aimerai des éckaircissements sur ces prénoms extra-ordinaires (cad peu communs). A quelles croyances ou modèles spirituels correspondaient-ils. Bref il y aurait plus à dire avec des journalistes réalisant une véritable enquête. Pourquoi pas un interview de Mr Fortin père? Il n’est pas en prison…

christiane s.
08.02.09 | 14h33
La socété régie par des lois ? Et alors? Des lois trop souvent éloignées des sentiments et qui ignorent les enfants. Alors ne jugeont pas,donnons du temps au temps pour que cette famille retrouve un peu de sérènité.

GÉRARD B.
08.02.09 | 14h32
C’est du «fait divers». Cela représente 0,00000003 cas comportemental des français. On a plus de chance de gagner au loto que de voir cette situation se reproduire. C’est du scoop pour midinettes. Vous avez sorti le scrabble, les affaires de logique, etc.. soit disant pour manque de place. Je vous suggère d’enlever également ce type d’articles.

G.O.
08.02.09 | 13h59
La place du père n’est-elle pas en hôpital psychiatrique plutôt qu’en prison? Le mal qu’il a fait dans l' »innocence » de sa folie, à cette mère et ces deux enfants est irrémédiable, une peine de prison ne le compensera pas et en plus, les deux jeunes gens conditionnés dès leur naissance sont bien les dernières personnes à pouvoir comprendre qu’ils en sont les victimes…Quel gâchis! Il reste à espérer pour ces jeunes sur la faculté de résilience chère à Cyrulnik et l’amour sans fin de cette mère.

Alain G.
08.02.09 | 13h56
Je suis toujours étonné des avis péremptoires et définitifs qu’ils soient dans un sens ou un autre ( Pauline G. Hervé J). Je frémis de vous connaitre dans la vraie vie de pouvoir ainsi juger d’une affaire sur 20 ans en trois phrases. J’attends des articles de fonds (comme pour N Kampusch) quand l’affaire se sera tassée médiatiquement parlant. Eventuellement j’aurais alors un avis … ps : ceci dit, l’article du Monde est indigne de son label

JEAN PIERRE J.
08.02.09 | 13h46
Et si on leur f..un peu la paix, à tous ces gens.Si les deux adultes se rappellent un peu du moment où ils ont conçu ces deux gamins, çà devrait pouvoir s’arranger un peu, sinon s’oublier.Que d’écritures qui recherchent l’assentiment du lecteur, depuis l’article de la Dêpêche, journal d’habitude moins ouvert aux écologistes barbus et asociaux, jusqu’à cet article plus favorable à la maman, certes. Pour moi,je n’ai rien à dire. Qu’ils vivent tous heureux maintenant,je leur souhaite vraiment.

Isabelle J.
08.02.09 | 12h54
ok, ce que nous explique LAURE B, Marie et Herve J, c’est qu’il est tout à fait justifé d’enlever PENDANT 11 ANS 2 enfants à leur mère sous prétexte que celle-ci a voulu un moment donné leur offrir un cadre plus stable? C’est le talion amélioré : oeil pour oeil, oreilles, bras, jambes, coeur. Cet homme a refusé de voir sa famille faire d’autres choix de vie et échapper à son pouvoir. La façon dont il a véçu avec ses fils (qui ont reçu une éducation top…) relève plus de la secte que de l’amour.

Nicole G.
08.02.09 | 12h43
Je m’étonne que la gendarmerie n’ait pas été plus perspicace car cette cavale de 11 ans était bien organisée avec des complicités manifestes. Le père semble-il, était un « original » marginalisé par sa vision de la vie,restait un père pour ses fils mais inexcusable de les avoir kidnappés pour les élever dans son « dogme ». Reste que maintenant, ces jeunes adultes sont psychologiquement en détresse, il faudra les aider et comprendre que leur père reste la référence tutélaire, dur pour tout le monde.

Thomas.R
08.02.09 | 12h42
Une vie alternative affranchie des lois de la societe tout en acceptant le RMI? Cet instituteur aurait besoin de cours de dignite. Sans societe telle qu’ elle existe et ses lois pas de RMI. Comment un institeur ne peut pas comprendre cela?

Gilles H.
08.02.09 | 12h13
Pauline G, que savez vous réellement de la vie de ces gens, hormis 30 lignes dans un journal ! Pourquoi faudrait-il toujours que le père, dans ce genre d’histoire, soit toujours violent, soit physiquement, soit moralement ? Pourquoi faut-il que la « leçon soit bien apprise », comme si les ados dont il est question ne pensaient pas REELLEMENT ce qu’ils disent ?

franck z.
08.02.09 | 12h08
La violence engendre la violence… Cette femme qui avait commis le délit de non présentation d’enfant et qui cherchait à éloigner ses enfants de leur père a d’une certaine façon provoquée cette réaction répréhensible, il est vrai, d’un homme qui voulait vivre lui aussi avec ses enfants, voilà son crime. Lorsque la société sera plus juste dans les conflits familiaux, les enfants vivront moins ces drames qui ne sont pas au détriment des femmes mais des familles et d’abord le drame des enfants.

pragma
08.02.09 | 12h08
Si pour certains articles portant sur des évènements importants, il est opportun que le monde ouvre un espace pour recueillir les réactions des lecteurs, je pense que pour des faits divers il est malsain de laisser des lecteurs donner des avis sur des affaires dont nous connaissons que des bribes. Que savons-nous du dossier vraiment ? Les enfants et le père qu’ont-ils à dire face à cet article à charge ?

michel v.
08.02.09 | 11h39
Je préfère souvent lire les réactions que l’article lui-même.Elles révèlent notamment le vif désir de toujours prendre partie. Honnêtement, dans cette affaire, j’ai du mal à porter un jugement, faute d’informations.Quant aus fautes d’orthographe, il faut savoir de ne pas trop les voir et aller surtout à l’essentiel.Tout le monde n’a pas eu la chance de naître dans un milieu favorisé, d’être le fameux « héritier » de Bourdieu.

BERENICE E L.
08.02.09 | 11h33
C’est bizarre de faire un article à charge sur une affaire qui est sans doute bien compliquée. Pourquoi ce choix de la part de la journaliste ? A-t-elle la distance suffisante ? En tous les cas, en tant que lecteurs, on ne peut qu’être déçu.

JACQUES M.
08.02.09 | 11h25
La déontologie jounalistique ne suppose t elle pas de croiser les versions ? 3 parties sont en jeu ici : les enfants, d’abord, le père et la mère. On aimerait tous les entendre, dans la complexité de leurs raisonnements respectifs.

Pierre L.
08.02.09 | 11h23
Là j’ai fait comme tout le monde, relu l’article deux fois, certains passages trois, parce qu’entre les changements de prénoms et les erreurs de dates c’était à n’y rien comprendre. Et au bout du compte je regrette bien d’y avoir perdu ce temps. Qu’un article soit au moins lisible est un minimum, ou alors je me contente du bulletin paroissial?

Geneviève E.
08.02.09 | 11h15
Ce n’est pas dans les jupes d’une mère que peuvent grandir et devenir des hommes, les garçons ! Ils devraient donc être systèmatiquement gardés par leur père qui n’aurait pas alors à les enlever ! Toute mon admiration donc à ce père qui en est un, dans un monde où règne Big Mother…

Philippe B.
08.02.09 | 11h03
Les enfants sont grands maintenant, l’aîné doit être majeur. Il est compréhensible qu’ils veuillent faire sortir leur père de prison. Mettre cet homme en prison semble d’ailleurs disproportionné. Ses enfants n’ont pas subi de violence, n’ont pas été enfermés et il les a instruits. Ils doivent être en mesure de savoir avec qui ils veulent vivre. On peut comprendre la douleur de la mère. Mais on sait que nos enfants ne sont pas notre propriété et qu’ils ont le droit de vivre leur vie.

Pauline G.
08.02.09 | 10h58
Je trouve cette mère admirable de rester calme devant la violence de cet homme. Il a dupé ses fils en leur faisant croire qu’il était le dispensateur de la loi. Et ceux-ci sont encore sous le coup de cette fausse loi. Heureusement qu’on a une société qui peut arrêter qqun et lui dire : « ce n’est pas toi tout seul qui fait la loi. » J’espère que ces jeunes hommes le comprendront et ne feront pas leurs caïds comme ce père sectaire.

Joël P.
08.02.09 | 10h48
En dehors du fait qu’il faudrait, effectivement, investir dans une équipe de relecture des articles AVANT la publication, cette histoire me laisse perplexe. Je trouve cette femme admirable dans le sens où elle évite de s’acharner sur un homme par respect pour ses enfants. Cet homme a certes fait une gigantesque erreur et devrait être sanctionné. Cependant, les enfants doivent-ils l’être aussi en leur soustrayant leur père qu’ils aiment ? Dans ces situations, j’admire aussi les hommes de loi…

LAURE B.
08.02.09 | 10h22
La société donne toujours raison à la mère, même lorsqu’elle s’éloigne pour « faciliter » les relations des garçons avec leur père ! j’aurais aimé savoir ce qu’en pense cet homme. Ne lui jetons pas la pierre trop vite. En France, même une mère alcoolique, dépressive, immature voire débile aura la garde des enfants par défaut. Le père, lui doit toujours faire la preuve de sa compètence. Quant à la peur du gendarme, aujourd’hui, M. Toulemonde à tendance à vouloir changer de trottoir en les croisant

Philippe B.
08.02.09 | 07h23
Les sempiternels critiques des fautes d’orthographe ou autres effets de style ne devraient-ils pas fonder leur propre journal ? 6€ par mois, ce n’est pas bien cher payé quand on voit qu’un abonnement à Mediapart est 1,5 fois plus cher et qu’au Monde on peut télécharger toutes les éditions en PDF… L’erreur de date est bien plus regrettable.

BG
08.02.09 | 01h27
Pas du tout orientées, ces réactions qui font du père une malheureuse victime n’ayant d’autre choix que de kidnapper ses enfants face à une femme qui en a eu assez de sa paranoïa face au monde moderne (sauf quand il s’agissait de toucher l’ASS, visiblement) et de ses dogmes sectaires ;-) Hervé : la famille se déplaçait beaucoup, rien n’empêchait le « père » de se rapprocher. Et soustraire ses fils à son ex pendant 11 ans me paraît assez disproportionné.

Marie
07.02.09 | 21h07
Intéressant par le côté extraordinaire. Il serait intéressant que Le Monde fasse un article sur tous les pères séparés ayant des enfants victimes des départs intempestifs de la maman. J’ai toute une série de témoignages à ce sujet. Il est vrai que ces enlèvements sont banalisés. Donc pas extraordinaires.

Herve J.
07.02.09 | 19h29
Ils vivent en Normandie , elle rompt et part s’installer dans le Var à plus de 1000 km . Elle facilitait le maintien des relations entre le père et les enfants .Bravo! Mais pour cela ,elle,elle ne risque pas la prison . Je ne blâme pas le père …

ETIENNE B.
07.02.09 | 19h17
Article nul : le seul point de vue de la mère, une morale débile à la fin et un texte bourré de fautes d’orthographes et de fautes d’expression et de sens. Pour un journal en ligne comme lemonde.fr, ça fait un peu pitié à 6€ par mois…

stéphanie N.
07.02.09 | 19h14
C’est pas très sérieux de publier un article avec des erreurs de date!! Les enfants ont été enlevés en 1997 ou en 2007?

Bénédicte G.
07.02.09 | 18h32
Cette famille fonctionnait visiblement comme une secte. Il est arrivé à cette femme ce qui arrivent aux malheureux lorsqu’ils quittent la secte…

Diminuez la taille du texte
Lisez l’article sur une seule page
Citez cet article sur votre blog
Classez cet article

jean s.
07.02.09 | 18h29
notre société « est régie » et non « est régit »……..

Yves C.
07.02.09 | 17h28
La gendarmerie n’a quand même pas dû beaucoup les chercher

JEAN BAPTISTE B.
07.02.09 | 16h32
Onze ans de cavale? Chapeau! Comme quoi on peut encore échapper au fichage génétique et à gooogle earth, et plus difficilement aux voisins zélés. Quant à la grammaire, tout comme la société, elle est aussi régiE par des lois.

C’est l’enfant qui paiera le prix fort d’un rapt parental

Par Aurélia Mestre

Psychanalyste, formatrice des équipes éducatives au sein de L’Education Nationale, et formatrice des équipes spécialisée dans les troubles de la petite enfance dans le Val de Marne.
Spécialiste de la relation parents-enfants et des troubles de la fonction symbolique chez les enfants et les adolescents.

(Source : http://france-japon.net/2009/01/30/c%E2%80%99est-l%E2%80%99enfant-qui-paiera-le-prix-fort-d%E2%80%99un-rapt-parental/
Publié le 30 janvier 2009)

Comme l’écrit si bien Jacques Colleau, c’est effectivement l’enfant qui paiera le prix d’un rapt parental, et le prix fort.
Certaines personnes relayées par la législation de leur pays, pensent peut-être que ce n’est pas si important pour un enfant de ne pas être élevé par ses deux parents, n’y a-t-il pas en effet beaucoup de mères célibataires ou de parents abandonnés par leur conjoint ? Est-ce pour cela que leur enfant ne s’est pas bien développé ?
“Si l’enfant a des parents de cultures différentes, ne risque-t-il pas d’être perturbé d’aller d’un pays à l’autre pour ne plus savoir lequel choisir au final? “.
A ces réflexions, d’une certaine façon pertinentes, nous répondrons d’abord que tout enfant a eu besoin de cellules mâles et femelles pour se développer dans le ventre maternel, que ce soit par procréation naturelle ou par procréation médicalement assistée. Nous ne savons pas faire autrement.
Remarquons portant que les mères qui ont recours aux techniques médicales pour avoir un enfant, que ce soit, avec ou sans donneur, ont des idées particulières dans leur tête à propos de ce géniteur, même s’il est inconnu. Certaines femmes ont même cherché des pères « parfaits », afin de donner naissance à des enfants qu’elles pensaient pouvoir être supérieurement intelligents.
Dans ce cas, l’enfant est le produit de « fantasmes » maternels et devra faire avec. Grandir avec cette histoire-là, qui est une sorte de roman familial qui l’aidera à se construire et à grandir, puisqu’elle sera forcément positive. (ceci ne veut évidemment pas dire que ces enfants adultes seront exempts de troubles)
De même, lorsqu’une femme perdra son mari à la suite d’un accident, d’une maladie, ou d’une guerre, elle devra faire face à cet évènement tragique. L’enfant pourra dans des moments douloureux se raccrocher à ce père mort parce que sa mère lui en aura parlé. Le père ne sera donc pas absent de la mémoire familiale, même s’il n’en n’a plus la mémoire directe. De même, la famille paternelle de l’enfant pourra aider celui-ci à pallier cette absence .
Un enfant vit toujours difficilement la mort de son parent, cet évènement pouvant créer un vide jamais comblé, mais il peut se construire en intégrant cet élément dans son histoire pour bien la vivre.
Nous retiendrons qu’il faudra, pour qu’un enfant se construise correctement, que des personnes s’occupent de lui et satisfassent ses besoins, mais surtout qu’on lui parle des absents de façon positive, car c’est ce qui lui permettra de se repérer dans le temps, de se sentir enfant de parents qui se sont aimés et dont il est le prolongement.
Qu’en est–il par contre des enfants raptés par l’un des parents, de ceux issus de cultures différentes, quand le pays dans lequel ils se trouvent ne reconnaît pas le droit du second parent ?

Les parents qui ont kidnappé un enfant à la suite de la rupture brutale du lien conjugal, ne parlent pas à leurs enfants du parent absent puisqu’ils ont tout fait pour que ce parent n’existe plus, en s’appuyant même quelquefois sur un fond de droit de leur pays. En grandissant, ces enfants surprennent des conversations à leur sujet mais qui s’arrêtent dès qu’ils arrivent. De temps en temps ils peuvent aussi comprendre qu’un lointain « Papa » fait des démarches, mais pour quoi faire ?
Si un enfant ne reçoit pas de messages clairs, il en est réduit à des conjectures. S’il est trop petit pour se souvenir de son parent absent, il peut imaginer des choses terrifiantes au sujet de celui-ci, comme tout enfant abandonné. Il peut aussi créer un dialogue intérieur où cet homme (ou cette femme) doit être bien abject pour avoir fait « une chose pareille », surtout si personne ne lui en parle. Il peut aussi se dire : « si tel n’était pas le cas, ma famille qui m’aime m’aurait parlé de lui. » Dès lors, dans l’esprit de l’enfant, ce parent-là n’est donc pas quelqu’un de bien. « Peut – être même, se dit l’enfant, que ce parent absent va venir m’enlever et me soustraire à ceux que j’aime ! »
Devant les mensonges, les choses cachées, secrètes, l’enfant est bien obligé de s’inventer une réalité.
Soit il idéalise alors celle-ci, mais il sait au fond de lui qu’elle est fausse, soit il imagine des choses terribles et se met à craindre pour son existence. Cet enfant tourmenté par ses propres questions demeurées sans réponse, ne peut grandir en paix, constamment angoissé et inquiet et va probablement faire l’impasse sur son histoire puisque personne ne peut la lui révéler.
Il va dès lors grandir avec cette blessure qui fait effet de traumatisme. Au contraire de l’enfant orphelin traumatisé lui aussi par la mort d’un de ses parents qui a un entourage pour prendre en charge sa douleur, et peut lui peut parler de l’évènement, l’enfant victime d’un rapt parental ne peut au contraire élaborer son traumatisme. Incapable d’être bien là où il est, il voit bien pourtant sur sa peau et ses traits physiques qu’il est différent, qu’il est le produit de deux cultures, mais ses repères sont rendus flous et son identité de ce fait aura le plus grand mal à se constituer.
Si l’on me permet ce premier point de comparaison, son cas sera similaire à celui des enfants adoptés et à qui n’aurait pas été dite la vérité sur leur naissance. Dans notre pratique thérapeutique, on les voit souvent à l’adolescence en proie à des comportements délinquants ou entraînés dans des conduites addictives, sans cesse obsédés par les mêmes questions qui les tourmentent parce qu’elles sont sans réponse.
On sait aujourd’hui les terribles dégâts causés à ces enfants par les histoires non dites et aucun parent adoptant aujourd’hui n’aurait l’idée de cacher le fait de l’adoption.
Les adoptants sont généralement bienveillants, le parent rapteur au contraire, non seulement ne dit pas la vérité et fait vivre l’enfant dans le mensonge, mais le fait vivre de surcroît dans la mauvaise foi, au point que l’enfant victime ne distingue plus le vrai du faux, même dans des domaines qui n’ont rien à voir avec son histoire personnelle.
A côté du risque de développer un comportement délinquant, l’enfant croît au prix de torsions identitaires que les spécialistes reconnaissent comme des traits de perversion, ce dernier mot étant utilisé pour définir des comportements déviants, par exemple ceux qui infligent des souffrances à des animaux, accompagné d’un comportement particulier consistant à ne pas se confronter à la réalité.
Parallélisme avec les enfants adoptés privés de vérité, mais parallélisme aussi avec les enfants argentins dont les grands-mères de la Place de Mai à Buenos Aires nous ont parlé. On se souvient en effet de ce fait historique : dans les années 70, des enfants dont les parents, généralement des intellectuels de gauche, avaient été tués par les militaires arrivés au pouvoir, ont été adoptés souvent par ces mêmes militaires, jusqu’au jour où les grands mères ont revendiqué le droit de retrouver ces enfants et qu’ils leur soient restitués, afin que leur histoire ne soit pas falsifiée.
Les psychanalystes ont beaucoup travaillé sur ces cas de traumatismes et on ne peut que souhaiter vivement que soit inscrite dans le droit des enfants la nécessité absolue, en cas de divorce, que l’enfant ne soit plus privé d’un de ses parents, parce qu’il y va de son avenir, de sa construction, de sa vie même.
A une époque où l’on revendique tant de protéger les enfants, « ne pas être privé d’un de ses deux parents » devrait en d’autres termes être un droit reconnu, tout aussi fondamental que celui d’être nourri, éduqué, et de vivre en paix.
Que des pays ne l’aient pas fait est une triste réalité qui ne leur fait pas honneur !

Aurélia Mestre

10 rue des Frères d’Astier de la Vigerie
75013 Paris
0146348647
0660660918

Droits des enfants après une séparation ou un divorce au Japon

Par Jacques Colleau
Responsable International
SOS PAPA
international@sospapa.org

(Source : http://france-japon.net/2009/01/29/droits-des-enfants-apres-une-separation-ou-un-divorce-au-japon/

Publié le 29 janvier 2009)

Défendre les pères à l’international, c’est, faut-il le rappeler, défendre LES ENFANTS, en rétablissant le droit des mineurs binationaux, bafoué plus souvent qu’à l’ordinaire, à leurs DEUX parents.
Et puis, n’en déplaise aux esprits chagrins et autres associations d’amazones, SOS PAPA aide aussi des mamans (eh oui !).
Rendons toutefois à César ce qui lui appartient : les Papas étant statistiquement beaucoup plus fréquemment victimes de privation ou de restriction de contacts avec leurs enfants après séparation de leur couple binational, trop souvent de manière violente, nous sommes sollicités à l’international beaucoup plus par les pères que par les mères, sur des problématiques impliquant une trentaine de pays. Pas encore par les enfants eux-mêmes mais que ceux qui nous lisent sachent que nous sommes aussi à leur écoute!
Les enfants binationaux grandissent alors beaucoup plus rapidement … que la restauration de leurs droits à leurs deux parents après rupture du lien conjugal, en dépit de l’existence de conventions internationales « anti dérapage », « anti kidnapping », « anti aliénation parentale », etc., telles New York, La Haye, Luxembourg et quelques autres.
Parce qu’il y a états signataires et non signataires, exequatur et non exequatur, application et exceptions, réminiscences de nationalisme même, plus souvent qu’à l’ordinaire, et on peut ici rire jaune autant que blanc et noir !
Mais surtout parce que nombre d’adultes ignorent, ou font égoïstement semblant d’ignorer, les conséquences dramatiques de l’instrumentalisation des enfants, de l’aliénation parentale, du syndrome de Stockholm, lors de prise en otage de mineurs ou, pire encore, de kidnappings internationaux ou nationaux brutaux d’enfants, autant de barbaries trop souvent organisées contre l’autre parent, avec quelquefois, faut-il le rappeler, la complicité de certains juges peu sensibles à l’intérêt supérieur de l’enfant, dans des pays propices à de telles dérives qu’il nous sera aisé de pointer un jour du doigt.
On l’aura compris : c’est l’enfant qui, au final, paie l’essentiel de la facture.
Nul n’étant prophète en sa chapelle, je laisserai ici le soin de poursuivre à Aurélia Mestre, remarquable psychanalyste parisienne, Maître de Conférence dans les IUFM, Formatrice des équipes s’occupant de la petite enfance dans le Val de Marne, connaissant bien la problématique des enlèvements parentaux d’enfants et leurs conséquences lourdes sur la construction de ceux-ci.

Jacques Colleau

Note de l’éditeur : Cet article sera suivi d’un autre de Madame Aurélia Mestre Psychanalyste, formatrice des équipes éducatives au sein de L’Education Nationale, et formatrice des équipes spécialisée dans les troubles de la petite enfance dans le Val de Marne, spécialiste de la relation parents-enfants et des troubles de la fonction symbolique chez les enfants et les adolescents.

Les charmes et les risques d’un mariage franco-japonais

Par Richard DELRIEU

Université de Kyoto Sangyo
Président de SOS Parents Japan

Beaucoup d’hommes français, séduits par la grâce et par la souriante féminité des Japonaises, par leur douceur et leur docilité apparentes, rêvent d’un amour, voire d’un mariage avec une femme de ce pays qui les fascine. Certains font une rencontre en France. D’autres, nourris de la culture manga ou passionnés d’arts martiaux, de calligraphie, ou encore fascinés par la réussite économique du Japon, tentent l’aventure et le grand voyage. Depuis peu arrivés dans l’Archipel, il n’est alors pas rare que, peu au courant des différences dans les notions d’amour et de couple entre nos deux cultures, ni des spécificités de la loi japonaise concernant le mariage et le divorce, beaucoup se retrouvent, séduits, la bague au doigt. Des Françaises aussi, en moins grand nombre toutefois — le mâle japonais ferait-il moins rêver ? — optent pour le mariage international et fondent une famille avec un ressortissant japonais.

Aussi exaltante que puisse être cette expérience de mariage interculturel, il faut bien reconnaître que si celui-ci se crée, dans le meilleur des cas, sur un sentiment sincère, il se fonde presque inévitablement, par ignorance, sur des malentendus. Car si l’émotion amoureuse peut être commune, les conceptions de l’amour et du mariage, ainsi que les lois qui les régissent, sont très éloignées entre nos deux cultures, et cela ne se découvre, malheureusement, qu’avec le temps et l’expérience…
En France, dans la très grande majorité des cas aujourd’hui, les futurs époux se choisissent librement et par inclination réciproque. Ils choisissent d’unir leurs existences dans le but principal (et peut-être idéal) de se rendre heureux mutuellement. Le couple reste le cœur de la famille et sa bonne santé affective et sexuelle est garante de l’unité de celle-ci. Pouvoir passer du temps avec son ou sa partenaire, et avec ses enfants, fait partie des priorités de la vie des Français. Les considérations matérielles, bien qu’importantes pour l’avenir familial, ne sont pas mises au premier plan dans le choix d’un mari. Les épouses, majoritairement, travaillent. Les enfants ne sont généralement pas le but principal du mariage : ils viennent compléter et prolonger le couple. Les pères s’impliquent de plus en plus dans les soins apportés aux enfants, dans leur éducation, et entretiennent avec eux des relations affectives proches et approfondies. La vie de famille est, pour leur plus grand nombre, aussi importante que leur vie professionnelle — quand ce n’est pas davantage. En cas de séparation et de divorce, la loi française établit un partage de l’autorité parentale et assure un droit de visite régulier au parent qui ne reçoit pas la garde des enfants. La non-présentation d’enfant y est sévèrement punie par la loi et la force publique fait respecter celle-ci. Le divorce entre les parents ne signifie pas le divorce d’un des deux parents avec les enfants.
Il en est tout autrement au Japon. Le nombre de mariages arrangés (omiai) reste très élevé. Encore peu de femmes mariées travaillent et le choix d’un mari passe par l’examen du montant de son salaire annuel. Selon le magazine économique Aera, 80 % des femmes japonaises posent comme condition que l’homme gagne plus de 6 millions de yens par an (49 000 €) (1) . Et 70 % des divorces au Japon ont une cause économique — généralement, la perte d’emploi du mari. Celui-ci attend avant tout d’une bonne épouse qu’elle s’occupe bien des enfants et de la maison. Le mariage est ainsi conçu plus comme une association, voire une entreprise, que comme la réunion de deux êtres mués par l’amour et par le désir de vivre ensemble pour se rendre mutuellement heureux — d’où un désenchantement probable pour nombre d’étrangers, une fois passée la lune de miel. En effet, le mariage japonais semble se baser sur des attentes encore, disons-le, assez « préhistoriques » : l’homme chasseur ramène la nourriture tandis que la femme prépare le feu, fait cuire les aliments et s’occupe des enfants au campement. Les rôles y sont donc bien définis et le conformisme est de règle. Les épouses mères sont vouées à leur progéniture, et les pères, surchargés de travail à l’extérieur, sont absents et n’entretiennent que des relations lointaines avec leur épouse et leurs enfants. Il n’est pas rare que le père travaille et habite à plusieurs centaines de kilomètres de sa famille, et ne rentre que rarement la visiter, ou pas du tout. L’affectivité entre les époux s’étiole et la vie sexuelle devient épisodique, voire inexistante, après la naissance du premier enfant — parfois même avant — , et encore plus si le père vit loin de la famille. Sa relation avec les enfants est, dans tous les cas, improbable. En cas de séparation ou de divorce, il semblera alors normal, au Japon, que ce type de relation se perpétue et que les ponts soient coupés entre le père et ses enfants, comme il le sera entre les époux : le divorcé devient, en effet, un étranger (tanin) pour son ex-conjoint et pour son ex-belle-famille. Notons que 90% des divorces se font au Japon par consentement mutuel à la mairie, et que, concernant les enfants, le formulaire de divorce à remplir par les époux ne permet d’indiquer, sans autre détail, que l’unique parent qui sera désormais détenteur de l’autorité parentale. Restent 10% des divorces : environ 9% vont se résoudre en conciliation judiciaire (chotei), et les 1% restants qui ne pourront se mettre d’accord devront avoir recours à l’arbitrage d’un juge (shinpan). L’autorité parentale, unique au Japon, est confiée, ainsi que la garde des enfants, dans plus de 80 % des cas à la mère. Le père ne reçoit en échange que des devoirs, et principalement celui de payer une pension alimentaire (ce dont les pères japonais s’acquittent assez rarement). Mais il n’a, de toute façon, plus aucun droit de regard sur l’éducation des enfants, et ne reçoit que très rarement du tribunal un droit de visite, qui n’existe pas dans la loi japonaise — contrairement à la Chine ! — , et dont l’application est soumise, après le jugement, et dans les faits, à l’arbitraire du parent détenteur du droit de garde.
Ainsi, il n’est pas rare qu’un des parents (et généralement la mère) prenne l’initiative, avant même que la séparation ne soit décidée, d’enlever brutalement les enfants et de se réfugier dans sa famille en refusant qu’ils aient désormais le moindre contact avec leur autre parent, tout en réclamant une pension. La loi japonaise ne punit pas l’enlèvement parental et le Japon est le seul pays du G8, avec la Russie, à n’avoir toujours pas signé la Convention de La Haye sur les aspects civils des déplacements illicites d’enfant. Il n’applique pas non plus l’article 9-3 de la Convention relative aux droits de l’enfant (CRC), dite « Convention de New York » — qu’il a signée le 22 avril 1994 (déjà 15 ans !) — article qui établit que « Les Etats parties respectent le droit de l’enfant séparé de ses deux parents ou de l’un d’eux d’entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents, sauf si cela est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant. » Mieux, c’est le parent qui sera le plus prompt à enlever les enfants qui prendra l’avantage sur le plan juridique pour l’attribution de la garde et de la pension.
Il semble assez étrange que les Consulats français n’aient pas, jusqu’à présent, dispensé d’information aux nouveaux (et aux moins nouveaux) résidents, au sujet des spécificités de la loi japonaise en matière de divorce et d’autorité parentale — laissant ainsi, pour parler concrètement, aller les futur(e)s marié(e)s français(es) au « casse-pipe ». Ce n’est que depuis juin 2008 qu’est apparu, sur le site de l’Ambassade de France à Tokyo, un article intitulé Déplacements illicites d’enfants / non-représentation d’enfants (2) .   Encore faut-il aller le chercher…à la rubrique Divorce, ce que ne font pas naturellement ceux qui s’apprêtent à convoler en justes noces ! (L’information arrive, hélas, trop tard ! L’inclure aussi à la rubrique Mariage de ce site serait pertinent.) Pourquoi, dès lors, ne pas distribuer aux résidents  une note d’information, sur papier ou par courriel ? La question est assez sérieuse pourtant, pour mériter qu’on prémunisse nos compatriotes : elle concerne l’avenir de tous les enfants franco-japonais. A-t-on peut de fâcher ? Préfère-t-on, en haut lieu, sacrifier ceux-ci aux intérêts de la diplomatie (du commerce) ? En clair : nos enfants valent-ils moins que des marchandises ? C’est ce que finissent par penser et par dire certains parents privés indûment de leurs enfants, exaspérés et réduits à la déréliction. Certains n’hésitent pas à prévoir sous peu des actions radicales, comme des grèves de la faim collectives, pour pousser l’Etat japonais à prendre ses responsabilités. Et il sera bien difficile de les en empêcher. En poussant le raisonnement, on peut aussi se demander s’il est bien légitime et raisonnable de célébrer ou de valider des mariages internationaux avec des ressortissants d’un pays qui ne signe pas la Convention de La Haye et qui n’applique pas la Convention relative aux droits de l’enfant qu’il a signée. Car on se doute bien que des enfants pourront naître de tels mariages, et que bien des drames apparaîtront, drames que l’on pourrait éviter en se montrant, au niveau des états, plus exigeant et plus prudent. La sagesse ne serait-elle pas — du côté français — de conditionner la validation de ces mariages à la signature et à l’application de ces conventions internationales ? Il faut arrêter de se boucher les yeux comme les Singes de Nikko !
En effet, on compte par centaines les cas d’enlèvement d’enfants binationaux (dont plusieurs dizaines d’enfants franco-japonais) par leur mère japonaise à l’intérieur même de l’Archipel ou à l’étranger et ramenés brutalement au Japon — enlèvements qui restent toujours impunis, l’Etat japonais protégeant ses ressortissantes. Ajoutons que, contrairement à la France, les tribunaux japonais refusent de reconnaître les jugements de divorce prononcés à l’étranger, et n’hésitent pas à réattribuer la garde et l’autorité parentale à la mère japonaise lorsqu’elle a kidnappé les enfants et les as ramenés au Japon par surprise, même si un tribunal français les avait précédemment attribuées au père. Lorsque ces faits d’enlèvement se produisent à l’intérieur même du Japon, les juges protègent les mères japonaises et entérinent les enlèvements (idem pour les enfants de couples Japonais Japonais). « Dans l’archipel, 166 000 enfants, selon des chiffres officiels, sont chaque année privés d’un de leurs parents (de leur père, en général).» écrivait récemment Michel Temman dans Libération (3) . Et Thierry Consigny, Conseiller AFE, évoque, dans ses vœux sur france-japon.net (4) : « (…) les associations parentales japonaises qui luttent en faveur d’une justice nipponne plus juste et équilibrée pour les deux parents. Une vingtaine d’associations japonaises sont maintenant réunies en une « Alliance pour des droits parentaux équitables au Japon (AEPJ) », qui effectue un intense travail de lobbying politique et médiatique. ». AEJP, avec laquelle l’association SOS Parents Japan  , fondée par des Français, travaille depuis quelques mois déjà en étroite collaboration (5).

Il y a quelques jours, le sénateur des Français établis hors de France, Monsieur Richard Yung,   adressait une question écrite à Madame la Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Rachida Dati :

« Divorces franco-japonais
M. Richard Yung attire l’attention de Mme la Garde des Sceaux, ministre de la justice, sur les difficultés très graves rencontrées au Japon par certains ressortissants français séparés ou divorcés d’avec un ressortissant japonais. Plusieurs drames familiaux découlent actuellement de l’application de la législation nippone. Celle-ci ne reconnaît pas le partage de l’autorité parentale. En cas de divorce au Japon, un seul parent hérite de l’autorité parentale jusqu’à la majorité de l’enfant (20 ans). Dans plus de 80% des cas, c’est à la mère qu’est attribué l’exercice de cette autorité après le divorce. Or, les couples franco-japonais étant majoritairement constitués d’un ressortissant français et d’une ressortissante japonaise, ce sont des pères français qui sont le plus souvent concernés par l’application de la législation nippone. En outre, des parents français sont aujourd’hui privés du droit de voir leur enfant car le droit japonais reconnaît très rarement le droit de visite et la non-présentation de l’enfant n’est pas sanctionnée dans ce pays. Ces pratiques sont contraires à la convention internationale des droits de l’enfant, que le Japon a signée en 1994 et dont l’article 9 stipule que les États parties respectent le droit de l’enfant séparé de ses deux parents ou de l’un d’eux d’entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents. De plus, le Japon ne sanctionne pas l’enlèvement parental et il n’a pas encore signé la convention internationale (de la Haye) sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants. Cette situation étant préjudiciable à certains ressortissants français, il lui demande donc quelles sont les initiatives que le Gouvernement français entend prendre afin de coordonner ou d’harmoniser le droit de la famille entre la France et le Japon dans le souci de faire prévaloir l’intérêt supérieur des enfants nés de couples franco-japonais. »

Souhaitons que le sénateur Yung soit entendu, et que le changement prochain à la tête du Ministère de la Justice n’empêchera pas le suivi de ce dossier.

Souhaitons surtout que la France s’implique davantage dans le sort des enfants franco-japonais kidnappés au Japon — qui sont des citoyens français à part entière — , afin que ces citoyens-là ne soient plus, demain, les laissés pour compte de la République qu’ils sont encore, hélas, aujourd’hui.

Richard DELRIEU

Université de Kyoto Sangyo
Président de SOS Parents Japan

——-

NOTES

(1) Cité par le journal LA CROIX du 23/12/2008 : Au Japon, l’argent s’invite souvent au centre de la vie de couple, http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2360109&rubId=4077
qui précise : « Et 55 %  exigent qu’il touche plus de 8 millions de yens (65 000 €). Or, en 2007, seuls 30 % des hommes gagnaient plus de 6 millions de yens par an et seulement 15 % plus de 8 millions. La proportion diminue pour les hommes jeunes et célibataires. »

(2) http://www.ambafrance-jp.org/article.php3?id_article=2847&var_recherche=divorce

(3) De nombreux articles de presse sont parus ces mois derniers sur ce sujet, tant au Japon qu’à l’étranger. Voir notamment, en français : Au Japon, la garde partagée est un combat, par Philippe Mesmer, LE MONDE | 28.07.08 | (encore accessible en ligne sur http://sos-parents-japan.org/2008/08/02/au-japon-la-garde-partagee-est-un-combat/) et Pères, divorcés et privés de leurs enfants par Michel Temman, Journal LIBERATION, Monde 12/01/2009, http://www.liberation.fr/monde/0101311066-peres-divorces-et-prives-de-leurs-enfants/ ou sur http://sos-parents-japan.org/2009/01/13/peres-divorces-et-prives-de-leurs-enfants/

(4) http://france-japon.net/2009/01/26/voeux-de-thierry-consigny-conseiller-a-lafe/, in Droits parentaux équitables pour les parents étrangers.

(5) http://sos-parents-japan.org/. SOS Parents Japan a pour but de venir en aide aux parents privés de leurs enfants, en leur fournissant informations, soutien et lieu d’échanges (forums en français, anglais et japonais) et aussi de faire avancer le cadre juridique japonais en vue d’une reconnaissance du droit de visite et du partage de l’autorité parentale après la séparation et le divorce.

(6) Question n° 07068 adressée à Mme la Garde des Sceaux, ministre de la Justice, parue au Journal Officiel le  22/01/2009.

——

En France, on ne rigole pas avec l’enlèvement parental

Journal LIBERATION

http://www.liberation.fr/societe/0101316572-un-pere-cache-ses-fils-pendant-dix-ans

Société 3 fév. 10h12

Un père arrêté pour avoir caché ses fils pendant dix ans

Un homme de 52 ans a été interpellé vendredi dans l’Ariège. Il est soupçonné d’avoir enlevé ses deux enfants en 1998 alors qu’ils vivaient avec leur mère.

Un homme de 52 ans, soupçonné d’avoir enlevé en 1998 ses deux fils (âgés de 6 et 7 ans au moment des faits), a été arrêté vendredi à Massat, dans l’Ariège. Il a été écroué à la prison de Foix.

En janvier 1998, il avait enlevé ses deux fils alors qu’ils vivaient avec son ex-femme aux Adrets de l’Esterel, dans le Var. Condamné par défaut en 2005 à deux ans de prison pour «soustraction d’enfants», l’homme a été «interpellé vendredi à Galant, un hameau où résident plusieurs personnes désireuses de vivre dans une autarcie certaine, entre élevage et travail de la terre», a précisé le procureur de la République.

Selon Le Parisien, «c’est finalement un renseignement parvenu aux gendarmes les alertant sur la ressemblance troublante entre le portrait des deux enfants disparus et les adolescents vivant dans le hameau perdu de Galant qui a permis de mettre fin à la cavale du père».

Toujours selon le quotidien, le père avait emprunté une fausse identité dans l’Ariège: «il était connu sous le nom de Michel Duchesne, éleveur de chèvre et de moutons.»

Les deux ados, âgés aujourd’hui de 17 et 18 ans se trouvaient en Corse vendredi lors de l’interpellation de leur père. Ils sont rentrés à Foix dans la nuit de samedi à dimanche. Ils ont été rejoints quelques heures plus tard par leur mère, résidant à Saint-Raphaël (Var).

(Libération.fr avec AFP)

Au Japon, l’argent s’invite souvent au centre de la vie de couple

Journal LA CROIX 23/12/2008 20:30
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2360109&rubId=4077

Au Japon, l’argent s’invite souvent au centre de la vie de couple

Le faible taux d’emploi chez les femmes et le coût de l’éducation des enfants contribuent à monétiser les relations conjugales

« Selon mes parents, espérer un mariage d’amour relève du fantasme. Ils m’ont appris que l’amour et la vie de couple sont deux choses à ne pas confondre », explique Mlle K., une jeune trentenaire née à Shimane, dans l’ouest du Japon.

Le magazine économique Aera a publié en novembre une étude sur ces Japonaises en quête de mariage. Un phénomène important puisque, selon les chiffres de 2005, 32 % des femmes entre 30 et 34 ans étaient célibataires, un statut mal vu dans l’archipel.

La plupart ont toutefois un objectif ambitieux : un mariage prospère. Selon le magazine, 80 % des femmes posent comme condition que l’homme gagne plus de 6 millions de yens par an (49 000 €). Et 55 % exigent qu’il touche plus de 8 millions de yens (65 000 €).

Or, en 2007, seuls 30 % des hommes gagnaient plus de 6 millions de yens par an et seulement 15 % plus de 8 millions. La proportion diminue pour les hommes jeunes et célibataires.

« Les agences matrimoniales ne sont pas mal perçues »

La recherche de l’âme sœur passe dès lors souvent par des organismes spécialisés. « Les agences matrimoniales ne sont pas mal perçues ici, remarque Mlle K.

Elles dispensent des formations pour chercher un mari. Si ça marche, pourquoi pas ? » La question de l’efficacité des recherches est cruciale.

Le magazine Aera évoque le cas de l’agence Executive Course qui aide ses clientes à cibler leurs recherches selon le secteur d’activité désiré.

Ainsi, des femmes de dentistes, de cadres de grande entreprise ou d’architectes, viennent partager leur expérience, distiller les conseils qui permettent de faire mouche. Coût de la formation : 500 000 yens (4 000 €).

« Ces montants sont raisonnables, explique une mère de famille. Il n’est pas possible d’ignorer la santé financière du couple : 6 millions de yens annuels ne sont pas de trop pour vivre à deux et éduquer un enfant. Et pour en avoir deux… il faut plus. »

Dans ce pays où rien n’est fait pour aider les familles à grandir, la question du coût annuel de chaque rejeton est récurrente, et la presse en fait largement l’écho.

Après le mariage, le bonheur ?

La revue de presse francophone L’Hebdo du Japon citait en octobre 2008 le magazine Toyo Keizai : « Le coût moyen des études d’un enfant s’élève à 10 240 000 yens (81 000 €) de son entrée au lycée à sa sortie de l’université, soit sept années scolaires. » Les montants sont plus importants pour les élèves des établissements privés.

Un coût difficile à supporter pour les familles japonaises, d’autant que les femmes travaillent peu.

Une employée quadragénaire raconte : « Ma fille a 12 ans. Je suis une des seules mères de sa classe à travailler. Les réunions de parents d’élèves se déroulent l’après-midi. J’ai deux enfants et je n’ai pas assez de jours de congés pour assister à toutes ces rencontres. Alors je n’y vais pas, et les autres mères me jugent mal. »

Après le mariage, le bonheur ? Peu d’amour en tout cas.

Le Toyo Keizai indique, dans une autre étude, que 39 % des hommes souhaitent passer plus de temps avec leur épouse. Quid des 61 % restants dans un pays où les heures supplémentaires ne se comptent pas ? Pire, la part de femmes souhaitant voir davantage leur mari diminue : elle est passée de 35 % à 26 % en vingt ans.

Gilles de LESDAIN ( Tokyo )

Pères, divorcés et privés de leurs enfants

Journal LIBERATION, Monde 12 janv. 6h51

http://www.liberation.fr/monde/0101311066-peres-divorces-et-prives-de-leurs-enfants

Pères, divorcés et privés de leurs enfants

Japon. La législation de l’archipel favorise les mères. S’il y a séparation, l’époux n’a pas de droit de visite.

KAZO (préfecture de Saitama), envoyé spécial MICHEL TEMMAN

«Je veux juste voir Marie-Anne, juste lui parler. Ma fille est privée depuis cinq ans de tout contact avec sa seconde famille, autant qu’avec son second pays et sa seconde culture.» Ses cadeaux de Noël sous le bras, Jacques Colleau marche vers la maison où vit son unique enfant de 8 ans, depuis, dit-il, son «kidnapping brutal par sa mère, à l’été 2003». La villa est au bout d’une ruelle de Kazo, une petite ville cerclée de rizières, au nord de Tokyo. Là vit son ancienne épouse depuis qu’ils ont divorcé, il y a cinq ans. Comme un million de pères japonais et des milliers d’étrangers (dont une cinquantaine de Français), Jacques Colleau est privé de contact avec son enfant.

«Enfants démolis». Cet homme d’affaires de 50 ans a apporté de France un coffret de peinture, une cassette de dessin et un jeu de maquillage. Il espère voir sa fille, comme lors de chaque voyage. Jacques aperçoit Marie-Anne dans le jardin, qui part prévenir sa mère de sa venue dans la maison protégée par un système de sécurité. Le visage fermé, la mère apparaît et s’approche. Elle écoute son ex-époux la supplier de songer «à l’intérêt supérieur de [leur] fille.»fille Très vite, le grand-père hurle à sa fille d’appeler la police. La mère finit par prendre les cadeaux, mais refuse, comme à l’accoutumée, que l’enfant voit son père. Défait, Jacques Colleau s’en va. «C’est sa fille qui ne veut pas le voir. Quand son père vient, cela la dérange. Elle part pleurer dans sa chambre», soutiendra la mère, un peu plus tard, alors qu’une patrouille de police passera tout près, gyrophare allumé.

«Les enfants dans le cas de Marie-Anne sont démolis par la privation brutale d’un père aimant, autant que par l’aliénation de la mère dénigrant le parent absent, avance Colleau, également responsable de l’association française SOS Papa. Le syndrome de Stockholm fait que ces enfants prennent, à terme, le part i du kidnappeur !» Naoya Wada, avocat à Tokyo, précise : «Ce n’est pas un problème de nationalité, mais un casse-tête juridique. En cas de divorce, le droit de la famille japonais donne le plein pouvoir aux mères. En termes de droits, le père n’a plus guère de recours.»

Archaïsme.Le soutien psychologique aux parents divorcés est aussi sous le feu des critiques. «Au Japon, seule la mère nommée tutrice de l’enfant après enlèvement est généralement reçue après un divorce, en lieu et place des deux parents, par le psychologue qui va intervenir sur l’enfant déstabilisé par la perte brutale du père, c’est une absurdité», estime Akiko Ohnoghi, une psychothérapeute japonaise.

Or, estime Aurélia Mestre, une psychanalyste française spécialiste de la petite enfance, «des enfants privés d’un de leurs parents, de manière aussi brutale et définitive que le permet le système japonais, ne pourront développer leur identité de façon harmonieuse». L’archaïsme du droit japonais de la famille est largement en cause. «En cas de rapt parental, ajoute Colleau, les juges confient sans états d’âme la garde de l’enfant au parent kidnappeur jusqu’à sa majorité [20 ans au Japon, ndlr]. La justice nippone ne considère pas l’enlèvement d’enfants par un parent comme un crime. Quant au droit de visite, il n’est même pas inscrit dans le code civil du Japon, il n’existe pas et n’est donc pas applicable.» La conciliation signée en 2003 devant un juge japonais entre la mère et Jacques Colleau octroyait pourtant à celui-ci des droits de visite. Faute d’en bénéficier, il a engagé une procédure, actuellement en cassation, pour faire reconnaître la compétence juridique de la France dans ce dossier.

Dans l’archipel, 166 000 enfants, selon des chiffres officiels, sont chaque année privés d’un de leurs parents (de leur père, en général). A Tokyo, une vingtaine d’associations japonaises et étrangères, comme SOS Parents Japan, dénoncent, en matière de droit familial au Japon, un système judiciaire «digne d’une dictature de pays sous-développé».

Little hope for Japan’s forsaken fathers

Sydney Morning Herald, December 8, 2008

http://www.smh.com.au/news/world/little-hope-for-japans-forsaken-fathers/2008/12/07/1228584656277.html?page=fullpage#contentSwap1

Denial of child abduction as a crime is hurting those left behind, writes Justin Norrie in Tokyo.

FOUR years ago George Obiso’s former wife took his two young sons on a six-week holiday to Japan and never came back.

Mr Obiso, 42, still recalls anxiously watching the clock in his Gold Coast home as he waited for their mother, Sachi Shimada, to return them on the designated day.

« I waited and waited. I kept listening out for their voices at the door, but they never came. Sachi had no intention of ever bringing them back, » says Mr Obiso, of Southport, who had split from his Japanese wife the previous year after she became depressed and withdrawn.

« Her family moved out of their Yokohama home, disconnected the phone and disappeared somewhere into Japan, so I couldn’t find them or even talk to my sons.

« It’s been four years. I’ve missed a large part of their childhood and I’m starting to doubt I’ll ever see them again. It’s been a horrible, horrible nightmare. »

Even if he found Anthony, now 12, and Jorge jnr, 8, Mr Obiso would be unlikely to get much sympathy from Japan’s family law courts. For almost 30 years, Japan has resisted pressure from other Group of Seven nations to sign the 1980 Hague Convention on the Civil Aspects of International Child Abduction; as such its judiciary does not recognise parental child abduction as a crime.

Mr Obiso is one of hundreds of « left-behind » parents from international marriages whose children have been abducted by a spouse who in effect enjoys immunity in Japan from prosecution by local authorities.

The Hague convention, which has been signed by every other developed country, requires the « prompt return of children who have been abducted from their country of habitual residence ». Since it took effect, foreign parents have spent millions of dollars working their way through Japan’s bureaucratic court system in an effort to see their children again and take them home. No court has ever ruled in their favour.

Many more Japanese parents have been affected. There is no tradition of dual access, so when parents separate, one gets custody while the other typically never sees the children again.

Colin Jones, a professor at Doshisha University Law School in Kyoto, believes that Japan is essentially « a haven for parental child abduction ». This is largely because Japanese courts are entrenched in a national bureaucracy whose goal is to ratify « the status quo, particularly in child custody and visitation cases, where courts have few, if any, powers to enforce change ».

Because there is no substantive law defining the best interests of the child in cases of parental separation, ratifying the status quo invariably means deciding in favour of the parent who already has custody.

The problem is compounded in cases where there are allegations of abuse, as Paul Wong can attest. After the death of his Japanese wife, Akemi, from cancer in 2005, the US lawyer, 42, left his daughter Kaya, now 5, with her maternal grandparents in Kyoto and made fortnightly visits from Hong Kong, where he was working, while he looked for a job in Tokyo.

« I promised my wife before she died I would make sure Kaya knew her Japanese cultural heritage and her grandparents, so I decided to honour that and live with her in Japan, » he says. « Just as I was about to move to Tokyo, Akemi’s parents hit me with a lawsuit alleging I had sexually assaulted my own daughter. The lawsuit was full of so many crazy, disgusting lies. Akemi’s friends told me they blamed me for her death, and that’s why they wanted to take Kaya away. »

The court found the claims could not be substantiated by evidence, but ruled that custody should be given to the grandparents anyway.

« This has done irreparable harm not just to me, but to a sweet, innocent child, » says Mr Wong. « It’s gut-wrenching, but I simply can’t give up hope. »

Japanese family lawyers say allegations of sexual assault and domestic violence are common in parental child abduction cases. In a recent article in Mainichi Shimbun, a prominent family lawyer, Kensuke Onuki, said he opposed Japan signing the convention because « in more than 90 per cent of cases in which the Japanese women return to Japan, the man is at fault, such as with domestic violence and child abuse ». Whereas women can’t easily provide evidence of the abuse, he says, the men rarely have trouble drumming up attention in the media.

For fathers like Mr Wong, this claim « is insulting. It simply doesn’t make sense. If it’s the voices of foreign fathers that get heard, then why is it that not one foreigner has had his child returned to him? Not one – ever. »

« A lot of people are getting fed up with the way Japan is running around the world lobbying for diplomatic support over the few Japanese abductees to North Korea, when the country is permitting hundreds of its own citizens to do the same thing to foreign parents in broad daylight. »

In September, after a newspaper report claimed Japan would sign the convention as soon as 2010, the Australian embassy in Tokyo sent a « formal government-to-government communication … commending them and offering assistance, » an embassy official said.

But Japan’s Foreign Ministry subsequently distanced itself from the report. A spokesman said the Government was still considering signing the convention but had not made a decision.

Au Japon : 3e Noël sans Papa pour un enfant volé !

R. a neuf ans. Il est silencieux. Il n’a pas droit à la parole.
Il y a deux ans et quatre mois, sa mère japonaise l’a enlevé pendant que son père français était allé en France soigner sa mère âgée. L’histoire se passe au Japon, un pays très moderne et très avancé, où les voleurs d’enfants sont protégés par la loi et les tribunaux.

Depuis son enlèvement, R. vit chez ses grands-parents avec sa mère. Elle l’a fait changer d’école, quitter tous ses copains, sa maison ensoleillée entourée de forêt sur les hauteurs de la ville, et surtout son papa qui l’aime tant et qu’il aimait tant. Son nouveau quartier est le plus triste de Kyoto, au sud de la gare, où les entrepôts et le trafic des camions et leurs gaz ont remplacé l’air pur et les chants d’oiseaux sur le chemin de l’école. Sa chambre est devenue bien petite, et les vitres dépolies des fenêtres limitent son univers, les jours et les heures sans école, à l’intérieur d’une maison dont la seule ouverture de lumière est un minuscule jardin intérieur, métaphore d’une famille tronquée et repliée sur elle-même.

Le papa de R., voulant éviter tout nouveau traumatisme pour son fils, a choisi, trop confiant en la justice locale, de ne pas aller reprendre de force son enfant et de respecter la voie légale. Il a déposé au tribunal une demande de retour de l’enfant au domicile familial, domicile qui est toujours le sien. Ses avocats lui ont conseillé de ne rien faire sinon d’attendre la décision du juge. Depuis 28 mois, sa demande est toujours en cours d’examen…Et l’enfant grandit sans père.

Malgré ses demandes continuelles de visites, le père et le fils n’ont pu se voir, montre en main, que 54 heures depuis la séparation, survenue en août 2006. Durant les 18 derniers mois, pour les rares fois où la mère n’a pas refusé les visites, celles-ci n’ont pas duré deux heures et se sont passées en présence de la mère et des avocats des deux parties — conditions très propices à un maintien du naturel dans les relations père – enfant ! On ne peut pourtant imputer au père aucun acte de violence à l’encontre de l’enfant ni de la mère pour justifier de ces conditions imposées par celle-ci. Et si la plupart du temps, la mère a pu refuser les visites, c’est pour la simple raison que le « droit de visite » n’est pas stipulé dans la loi japonaise. En fait, ce droit existe depuis avril 2001 en Chine, pays qui a la réputation de ne pas respecter les Droits Humains, mais pas au Japon, qui comme chacun sait, est une démocratie.

En France, le fait de refuser volontairement de présenter l’enfant mineur à l’autre parent (exemple : ne pas ramener l’enfant après un week-end à celui qui en a la garde, refuser un droit de visite) est un délit passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà »  a bien écrit Blaise Pascal.

Le Japon a pourtant signé le 22 avril…1994 (ce n’est pas d’hier !) la Convention relative aux droits de l’enfant (CRC), dite « Convention de New York », qui établit, dans son Article 9-3., que « Les Etats parties respectent le droit de l’enfant séparé de ses deux parents ou de l’un d’eux d’entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents, sauf si cela est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant. (Nous soulignons).

Mais jusqu’à ce jour (et depuis 14 ans), cet article de la convention n’a pas eu d’effet. Au Japon, l’appréciation de l’intérêt supérieur de l’enfant est laissé à la discrétion du parent kidnappeur, c’est-à-dire que, dans les faits, les droits de l’enfant sont entièrement soumis à son arbitraire.
Rappelons que le Japon est le seul pays du G8, avec la Russie, à ne pas avoir encore signé Convention de La Haye sur les aspects civils des déplacements illicites d’enfant. Ainsi, l’enlèvement parental peut continuer à y être licite et le parent kidnappeur y peut couler des jours tranquilles, bénéficiant de surcroît de la protection du tribunal. Car au bout de six mois de résidence de l’enfant à son nouveau domicile — celui du parent kidnappeur — ce domicile est considéré comme le vrai et le seul domicile de l’enfant. Et si son autre parent vient l’y reprendre, c’est lui qui sera alors inquiété par la justice et la police. Cela a l’air d’une histoire de fous. Ce n’est hélas qu’une histoire vraie et…japonaise.

Revenons à notre petit garçon. La dernière visite avec son papa remonte au 3 mai 2008. C’était pendant le Goldenweek, la « semaine d’or ». Il était impossible, à cause de l’affluence, de réserver plus d’une heure la « party room » d’un restaurant familial imposé par la mère pour les visites. Ce restaurant ne comporte, en effet, qu’une sortie, et il est défendu au père et à l’enfant d’aller dehors. Le père et le fils ne s’étaient plus vus depuis 3 mois. Comme presque toujours, R. et sa mère sont arrivés au rendez-vous avec plus d’un quart d’heure de retard (qui n’est généralement pas rattrapé, mais plutôt assorti d’un départ anticipé). Au bout de 40 minutes, il leur a fallu, comme prévu, quitter la salle. Le père raconte :

« J’ai alors proposé à mon fils (nous jouions tant bien que mal à la balle dans la petite salle de restaurant de 3 mètres sur 4) d’aller continuer à jouer, en présence de sa mère et des avocats dans le petit parc voisin, que nous avions repéré avec mon avocat avant la visite. Mon fils m’a alors dit « Ce n’est pas possible ». Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a alors répondu : «

—    Parce que j’ai honte qu’on nous voie ensemble. J’ai honte de toi.
—    Mais pourquoi ?
—    Parce que tu es étranger.
—     (!!!) Parce que je suis Français ? Mais toi aussi, tu es Français. Français et Japonais.
—    Je sais, mais personne ne sait que j’ai un père français.
—    (!!!)
—    Si mes copains le savaient, je serais sans doute maltraité. Je ne veux pas qu’on nous voie ensemble. »

Estomaqué, je lui ai demandé de confirmer cela devant mon avocat, puis devant l’avocate de ma femme. Prenant sans doute conscience du sordide d’avoir honte de son père pour cela, il a fondu en larmes. L’avocate de ma femme a aussitôt exploité la situation, en me chargeant de la responsabilité de l’incident. Il n’a plus été moyen de continuer la visite, qui s’est interrompue au bout de la première heure, sans que mon épouse accepte de fixer un nouveau rendez-vous. Depuis, les visites sont refusées sous prétexte qu’elles perturbent l’enfant. Mon avocat a envoyé une protestation à la partie adverse pour discrimination raciale et contrainte de l’enfant — celui-ci étant forcé par sa mère et sa famille japonaise de dissimuler ses origines étrangères. Cette plainte n’a eu aucune conséquence et a été ignorée par le juge »

L’été a passé. Les rendez-vous téléphoniques des mercredi et samedi soirs, décidés entre le père et le fils quelques semaines après la séparation et maintenus jusque-là tant bien que mal avec irrégularité (et sous écoute et surveillance de la mère) — généralement, le téléphone de la famille de la mère ne répond pas, ou bien le grand-père répond sèchement que l’enfant est absent (!) et raccroche violemment — deviennent alors impossibles. On ne répond plus.
Au début du mois de septembre, le Consul de France à Osaka et le Consul adjoint ont rencontré l’avocate de la mère de R., dans le but de l’inciter à convaincre sa cliente de permettre un maintien des relations entre R. et son père. L’avocate a assuré les diplomates français que sa cliente ne s’opposait en aucune façon aux visites (!) et que le maintien de l’identité française de R. lui tenait à cœur (!!! : l’enfant, qui parlait français couramment avant la séparation, a été privé par sa mère de tout contact avec la communauté française et avec l’enseignement du français, et a ainsi complètement oublié la langue de son père. Aujourd’hui, il ne comprend plus un mot de français). Ces belles paroles de l’avocate de la mère ont été accueillies avec satisfaction par les deux diplomates… Mais depuis cette entrevue, comme le père de R. s’y attendait, rien n’a changé.

Noël arrive. Le papa de R. qui a perdu son principal emploi en avril et survit tant bien que mal — son ex-femme, qui refuse de travailler, a obtenu du juge, au titre de pension alimentaire, la saisie de la moitié de son maigre salaire actuel — utilise ses derniers deniers du mois pour acheter des cadeaux pour son petit garçon. Il compte bien les lui remettre en mains propres, car plusieurs de ses envois précédents n’ont jamais reçu la moindre confirmation de réception de la part de R. Il demande une visite, même très courte, avant le 24 décembre : refus de la mère. Motif : avant le 24, ce n’est pas possible, le soir de Noël, nous sommes invités à une partie, et le 25, nous serons absents. Les jours suivant Noël, nous ne serons pas libres. De plus, « l’enfant ne désire pas vois son père ». On connaît la chanson !

Pourtant, au début du mois d’octobre, le téléphone a sonné chez le papa. Une petite voix, faible et inquiète, lui dit, en japonais, « Bon anniversaire Papa ! ». R. a téléphoné en cachette, sa voix est sourde : il craint d’être surpris. La conversation ne dure pas. Mais le papa sait que son petit garçon ne l’oublie pas et le garde dans son cœur. Pourtant, quelle misère pour cet enfant de devoir se cacher pour accomplir une chose si naturelle : souhaiter son anniversaire à son papa !

Étrange, donc, au regard de cet appel téléphonique, que l’enfant « n’ait pas envie de voir son père ». C’est bien sûr la version de la mère. Car l’enfant n’a pas l’honneur d’être écouté. Au Japon, le juge ne rencontre pas l’enfant lors d’une procédure de divorce. Il laisse ce soin à l’enquêteur du tribunal des affaires familiales. Celui-ci a rencontré R. une seule fois, quelques semaines après la séparation. Il a fait son rapport au juge, mais le papa de R. n’a jamais pu en connaître le contenu : « secret défense », sans doute…
Depuis, le papa a demandé que l’enquêteur revoie l’enfant, car la situation s’est dégradée, les relations père fils sont devenues inexistantes. Sans ordre du juge, l’enquêteur ne bouge pas. Et le juge a refusé d’ordonner une nouvelle enquête. Depuis deux ans donc, on ne sait pas ce que pense et ressent l’enfant de cette privation de présence paternelle. Mais, sans doute cela dérangerait-il le cours du procès de le savoir. Il faudrait en tenir compte et cela risquerait d’enrayer la machine bien huilée de protection du statu quo : « l’enfant est dans la famille de sa mère japonaise, et cela suffit à son bonheur ». En se bouchant les yeux, et en protégeant leurs nationaux kidnappeurs, les tribunaux japonais cherchent avant tout à protéger leur tranquillité.

Finalement, tout cela n’est pas très étonnant dans un pays où les yakusa (la mafia) ont pignon sur rue.

Achille

——-

Source : http://france-japon.net/2008/12/25/au-japon-3e-noel-sans-papa-pour-un-enfant-vole#more-1586

Comment l’aliénation parentale peut être meurtrière

(日本語訳は下記参照のこと:『片親引き離しがいかに危険であるか』

You can find below the Japanese translation of this article)

Film (映画)

L’ E N F E R
(地獄)

(Titre japonais : 美しき運命の傷痕)
(Utsukushiki unmei no kizuato : Les belles cicatrices du destin)

Film français (2005) du réalisateur bosniaque Danis Tanovic, avec Emmanuelle Béart, Carole Bouquet, Karin Viard, Marie Gillain, Jacques Perrin, Jacques Gamblin, Guillaume Canet, Miki Manojlovic et Jean Rochefort, …

A travers le destin parallèle de trois sœurs, de vies et d’âge éloignés et ne se voyant plus depuis des années, ayant néanmoins en commun une impossibilité à réussir leur vie affective, nous remontons peu à peu à l’origine de ces blessures du cœur qui les mènent à l’échec : le rejet et l’élimination de leur père, sur la base d’un tragique malentendu, par une mère toute puissante et vengeresse qui a tordu en elles les racines de l’amour et rompu le lien familial.

Le film fait référence au mythe grec de Médée la magicienne, fille du roi de Colchide et nièce de Circé (Cf. Médée, tragédie d’Euripide). Médée aide Jason à s’emparer de la Toison d’Or, puis devient son épouse. Mais Jason lui est infidèle et la jalousie de Médée est immense. Pour le punir, elle sait qu’elle ne pourra l’atteindre qu’à travers leurs enfants, pour lesquels Jason éprouve un très grand amour. Médée les tue de ses mains et Jason, fou de douleur et de désespoir, se suicide.

Par la présentation du suicide quasiment programmé du père et du meurtre psychique des trois filles, amputées par leur mère de la moitié d’elles-mêmes et vouées au malheur, le film montre l’intemporalité du mythe et son actualité : la Médée moderne (incarnée de façon impressionante par une Carole Bouquet hiératique et sans âge) n’est ni moins cruelle, ni moins exempte de regrets. Et les effets de ses pulsions destructrices, mues par une féminité et un instinct maternel pervertis, sont tout aussi dévastateurs et tragiques : jalousie, dureté et fantasme de toute puissance et d’appropriation exclusive des enfants sont les ingrédients de ce cocktail mortifère qui, ajoutés à la certitude d’être dans le juste et dans le bien (le bon droit et la bonne conscience), font alors d’une mère et d’une épouse (qui se pense comme mère et épouse modèles), un implacable bourreau. Murée dans sa haine jusqu’au bout, même après la révélation de la vérité, elle semble n’avoir rien appris et n’être plus capable de rien ressentir, pas même (surtout) la détresse de ses filles.

Sentiment d’étrangeté, pour le moins inquiétante et ô combien déroutante, que celui éprouvé par beaucoup de Roméo même fidèles, voyant leur aimante Juliette se transformer, comme fatalement, en peu d’années et généralement après la venue des enfants, en une glaciale et funeste Médée qui les prive désormais autant de son affection que de celle de leurs enfants, déniant injustement à ceux-ci, de façon discrétionnaire, tout accès à leur père. Et qui le pousse, lui, vers la sortie…
Mystère du devenir de ce que Freud dénomme le Continent noir : « (…) elle rassemble les traits d’un irrationnel où la maternité productive et positive se renverse en une puissance de mort. Or tel est bien le problème central de la réflexion féministe contemporaine. En effet, si dans la fonction maternelle, une femme peut ressentir, en tant qu’individu, le risque d’un clivage opéré sur son corps et d’une perte d’identité, si la maternité ne dit pas le tout de la féminité, cette dernière sera renvoyée, par un principe d’exclusion, à l’espace négatif de la sorcière : solitaire, mutique, asociale, improductive, repliée sur une féminité en absence, confrontée à l’image persécutrice de sa propre mère, une telle femme sera projetée dans un processus de déconstruction de type psychotique que l’écriture, ce « garde-fou » (Lara Jefferson, Folle entre les folles), ne suffira pas à détourner ou à objectiver. » (Encyclopædia Universalis, Féminisme).

Cette figure mythique de Médée n’est pas sans évoquer la Yamamba (ou Yama Uba, 山姥) japonaise, tueuse d’hommes, emmenant l’enfant Kintarô dans les montagnes pour l’élever seule.

Ces exemples-types de dévoiement de la féminité et d’aliénation parentale, aux conséquences tragiques pour les familles, fixés par le mythe dans des cultures aussi éloignées dans le temps et dans l’espace que la Grèce antique, le Japon et la Russie (Baba Yaga), pour ne citer que celles-là, tendraient à montrer l’universalité du type et la dangerosité du problème (1).

Mais le plus inquiétant est que, par un phénomène mis récemment en évidence par la psychogénéalogie, la tragédie a, hélas, toutes les « chances » de se répéter : les générations suivantes, par « fidélité familiale inconsciente », vont, malgré elles, reproduire les comportements d’exclusion et de meurtre symbolique ou réel (suicide provoqué) dont elles ont elles-mêmes souffert, scellant à leur insu leur propre destin et celui de leurs enfants.

Le film de Danis Tanovic illustre bien ce phénomène, fonctionnant comme un pattern reproductible, notamment par l’évocation du destin la sœur aînée, singulièrement nommée Sophie (la Sagesse ?), incarnée par Emmanuelle Béart : dépressive et égarée par la jalousie, elle se vengera de son mari infidèle en l’excluant de la famille, reproduisant comme mécaniquement sur ses propres enfants et sur son mari l’aliénation parentale dont elle a été elle-même victime étant enfant (aliénation dont on peut sans peine imaginer les conséquences sur la génération suivante, et ainsi de suite…).

Peut-on parler de destin ? C’est peut-être une des faiblesses du film que de s’appuyer sur cette référence individuelle antique, et de l’opposer aux coïncidences de la modernité. Car s’il y a « destin », il est, ici, nécessairement collectif, c’est-à-dire qu’il est le produit d’un inconscient familial. C’est alors de répétition inconsciente d’une pathologie familiale qu’il faudrait plutôt parler, et ici de Syndrome d’Aliénation Parentale (S.A.P, ou P.A.S en anglais, en japonais 片親引き離し症候群, kataoya hikihanashi shôkôgun).

Dans un tel contexte familial, la mise en évidence du syndrome est la première étape à franchir pour éviter de s’égarer sur de fausses pistes, et un long travail, aux résultats incertains, restera à faire ensuite avec les enfants pour en déjouer les maléfices et défaire les nœuds, en tentant de (les) sortir de l’enfer de la répétition.

Mais encore faudra-t-il que les conditions, ou les évènements, le permettent…

Achille

———-
(1) Voir, à ce propos, une approche récente du substrat psychologique de ces comportements pervers dans les ouvrages suivants :

  • NAOURI Aldo(アルド・ナウリ), Les Pères et les Mères, Odile Jacob, poches, Paris, 2005
  • 三砂ちずる「オニババ化する女達」、光文社新書,2004年

MISUNA Chizuru, Onibaba ka suru onnatachi, (Les femmes qui se changent en
sorcières), 2004, Kôbunsha shinsho

—————————————–

(日本語訳)
Continuer la lecture de Comment l’aliénation parentale peut être meurtrière